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Villa Strauss

Cette ancienne résidence impériale devenue partie intégrante de l’Aletti Palace a su garder son âme au fil des changements de propriétaires et de décors. Construite en 1858 pour le compositeur Isaac Strauss, son style néoclassique traverse les époques.

Une vie thermale rythmée par les soins et les danses

Homonyme des Strauss de Vienne dont il était contemporain, ce natif de Strasbourg est nommé directeur de la musique de l’Établissement thermal de Vichy par Louis–Philippe en 1844. « Isaac Strauss va contribuer à l’animation de la station ainsi qu’à sa notoriété. En charge de l’ensemble des loisirs proposés aux curistes de mi-mai à mi-septembre, il fait réaliser des agrandissements dans les salons où sont donnés les bals, les spectacles et les concerts. Il fait surélever le bâtiment et installe à l’étage une rotonde et de nouvelles galeries inaugurées le 14 juillet 1846 lors d’un grand festival-concert. En 1854, il est également nommé directeur du théâtre de la vile de Vichy dont il est devenu le grand ordonnateur de fêtes brillantes. » Responsable des Fonds Patrimoniaux de la Ville de Vichy, Fabienne Gelin souligne le rôle de ce musicien qui débuta comme violoniste. « Il se fit connaître à l’Opéra Comique de Paris. Pendant les saisons estivales, il se produit dans les villes d’eaux, à Plombières, puis à Aix-les-Bains et à Vichy. Chef d’orchestre, il composa plus de 500 musiques de danses, des valses pour la plupart, mais aussi des polkas ou des quadrilles qui valurent à ce proche de l’impératrice Eugénie d’être l’organisateur des bals de Napoléon III. »

Isaac Strauss avait aussi le sens des affaires : avec son beau-frère Salomon Schriber, ils achètent des terrains entre le parc des Sources et les rives de l’Allier. Il choisit d’implanter sa maison sur l’un d’eux, situé en bordure du parc aménagé en promenade depuis 1812.

Napoléon III,  premier locataire prestigieux

À sa sortie de terre, la villa d’Isaac Strauss est considérée comme l’une des plus belles demeures de la cité thermale. L’Empereur va y résider durant ses premiers séjours à Vichy en 1861 et 1862. Son voisinage avec l’Hôtel des Thermes permet de loger la maison civile et militaire de Napoléon III dans l’immeuble attenant.

Des lithographies signées Clerget montrent l’Empereur dans son cabinet de travail ; ses murs ornés de tableaux et les fenêtres tendues de doubles rideaux donnaient une atmosphère cossue, mais sans ostentation. Le salon au plafond peint d’allégories et la salle-à-manger se trouvaient au rez-de-chaussée de la villa. Outre le manque d’intimité, les bruits du dehors venaient perturber la tranquillité de l’Empereur. Une anecdote rapportée par Jacques Cousseau (Cf. Palaces et grands hôtels de Vichy) raconte « qu’averti que sa Majesté avait eu son sommeil interrompu par un concert indiscret de grenouilles qui avaient élu domicile dans un bassin devant la villa, Callou fit assécher la pièce d’eau incriminée au cours de la nuit suivante. » Napoléon III s’installa pourtant dans son propre chalet en 1863.

Vendue par Isaac Strauss en 1866, la villa changera plusieurs fois de propriétaires. C’est en 1872 que le musicien quitte la scène pour partir  sillonner l’Europe à la recherche de pièces de mobilier et autres objets d’art et de liturgie hébraïques présentés à l’Exposition Universelle de 1878. Arrière-grand-père de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, sa collection fait désormais partie des fonds du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris.

La villa quant à elle constitue le siège de la Société des Grands Hôtels de Vichy fondée en 1925 par Joseph Aletti, repreneur du Thermal Palace contigu. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, elle hébergera divers organismes officiels dont la Légion d’Honneur.  

Après le conflit, Jacques Aletti s’attache sa rénovation qui permet l’ouverture du Club de la Villa Strauss en 1948. Ses clients viennent s’y restaurer, mais aussi prendre un cocktail au bar américain, jouer au bridge et au billard, lire dans la bibliothèque ou écrire dans le salon de correspondance. En 1998, la villa est définitivement annexée à l’Aletti Palace. La façade vitrée de son restaurant « La Véranda » reflète aujourd’hui l’esprit Art Déco si bien restitué que l’on s’y croirait …      

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