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Galerie du fer à cheval

entre charme et élégance d'antan

Galerie du fer à cheval - VICHY UNESCO

Prolongement de la galerie promenoir, la galerie marchande en « fer à cheval » autour du kiosque à musique et de part et d’autre de la Source de l’Hôpital, figure tel un petit trésor lovée dans le cœur thermal. Classé monument historique, un écrin de magie sur lequel veillent les commerçants à l’image d’Evelyne Bertrand, gérante du n°11 « Les Enfants d’Edouard »

« Les jupons blancs de toutes les longueurs, le jupon qui bride les genoux et le jupon à traîne dont la balayeuse couvre le sol, une mer montante de jupons, dans laquelle les jambes se noyaient. » ces quelques lignes d’Emile Zola extraites du roman « Au Bonheur des Dames » viennent habiller ces galeries marchandes en « fer à cheval » lorsque l’on déambule dans ce site qui conserve sa magie d’antan, celle que l’on s’imagine en noir et blanc.

Le quartier de la Source de l’Hôpital a toujours été l’un des plus animés. Dès le milieu du XIXe siècle, de nombreux marchands ambulants venaient s’y installer. En 1879, ils furent priés d’aller s’établir dans les boutiques construites par Charles Badger le long de la rue de Banville.

En 1887, après le transfert de l’Hôpital alors implanté sur ce site, s’ouvre un grand débat sur la destination des terrains libérés. Dès 1894, l’administration de l’Hôpital fait établir, par Antoine Percilly, des plans d’une série de magasins disposés en triangle autour de la source mais l’État achète les terrains et confie leur aménagement à la Compagnie Fermière de Vichy. Celle-ci prolonge le parc et aménage vingt-six magasins en périphérie de la parcelle, de part et d’autre d’un salon de repos, autour du nouveau kiosque à musique.

Les architectes Charles Le Cœur et Lucien Woog sont chargés de ces travaux et les magasins sont livrés aux commerçants au début de l’été 1899. Galeries d’art, bijouteries et joailleries, mobilier d’art font alors  la renommée de ce lieu fabuleux où le temps semble s’être arrêté.

Au n°11 « Les Enfants d’Edouard »  boutique emblématique de l’actuelle galerie

Au n°11, au début du XXe, on trouve un bijoutier, Henri Martin qui s’installe ici en premier en louant trois magasins  (n°11 – 12 – 13) sous l’enseigne « À la Chaise à porteur », maison fondée à Nice en 1880. Dès 1908, Henri Martin cède la place au magasin de meubles et objets d’art « Au vase de Sèvres » tenu par É.Chéron qui commande à Percilly les plans d’un nouvel aménagement dans le style Louis XVI. Le magasin redevient bijouterie en 1924 sous la direction de Fernand Gaucherand, joaillier niçois. Lui aussi s’adresse à Antoine Percilly pour mener des travaux de réfection : l’architecte dessine notamment des devantures en fer sur soubassements de marbre noir. Le joaillier ferme les portes de son magasin vichyssois en 1966. Le n°11 est ensuite occupé par la célèbre galerie d’art Ror Volmar jusqu’en 1990. En 1981, « Les Enfants d’Edouard », magasin de prêt-à-porter s’installe au numéro 26 de la galerie. Il emménage à son emplacement actuel en 1991.

La boutique initiale, à Vichy, est née en 1981. « Nous l’avons montée toutes les deux avec maman, se souvient Evelyne Bertrand. En 1978, nous avions déjà monté une autre boutique à Clermont-Ferrand qui s’appelait « Les Enfants de Victoire » puisque nous étions place de la Victoire. Nous venions souvent à Vichy pour ces jolies boutiques que l’on ne voyait pas ailleurs et nous avons eu envie de nous installer ici. Nous proposions alors des vêtements pour enfants. Je venais d’avoir un petit garçon et j’adorais ce que faisais la marque Bonpoint ».

Alors installée au n°25, Evelyne repère alors au n°11 une galerie de peinture. « Nous vendions énormément de grandes tailles enfants aux mamans, nous sommes alors venus développer le concept pour femmes ici. On a alors gardé les deux magasins quelques années et puis on a tout rapatrié ici en rachetant le petit magasin d’à côté. Véritable caverne d’Ali Baba, le magasin s’est développé pour tous : enfants, femmes, hommes, pour tous les styles, pour toutes les personnalités.»

Le magasin qui est alors dans son jus ne sera pas modernisé. Au contraire, Evelyne décide d’accuser le côté traditionnel, desuet. « Ce tissu que l’on voit sur les murs n’existait pas. Il vient de la « Maison Le Manach », une manufacture fondée en 1829 au savoir-faire d’antan. Nous n’avons rien transformé mais nous avons accentué le style comme en ajoutant des rosaces, par exemple.»

La boutique, succession de petits salons avec ses divans, invite à la détente, à la rencontre dans une ambiance particulière où cohabitent enchantement et élégance « Nous voulions créer une ambiance d’appartement où les gens se sentent bien. Ici c’est notre personnalité ». Une ambiance unique qui fait la renommée du magasin et qui ne laisse pas indifférent. À tel point que le réalisateur canadien Christian Dugay le choisit pour le tournage de « Coco Chanel » en 2007 pour recréer la première boutique de l’illustre couturière. « Pendant un mois, le magasin voyait passer des fiacres le long de ses vitrines. On a eu l’impression de revivre, en habit d’époque. »

Un lieu pas comme les autres où les artistes viennent exposer comme Jean-Jules Chasse-Pot et son épouse Liseran venus mettre en scène leurs œuvres en 2009. Au détour des rayonnages, des sculptures figuratives en papier mâché veillaient sur les peintures qui paradaient sur les murs. Depuis 40 ans, Evelyne aime créer du rêve notamment à travers ses célèbres vitrines. « Les gens ont aujourd’hui besoin de rêver et c’est devenu assez vite un magasin où l’on venait rêver et pas forcément acheter. On a envie de rencontrer les gens. Ce n’est pas qu’une façon de consommer, il s’agit d’une rencontre, d’un échange. C’est d’ailleurs comme cela que les boutiques à l’époque étaient pensées. Les dames venaient consommer, discuter, échanger. C’était un rassemblement de gens qui venaient là pour se rencontrer »


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