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Temple Protestant

Temple Protestant - VICHY UNESCO

Construit entre 1912 et 1914 par Samuel Henriquet, grâce notamment aux donations des curistes anglicans, le temple vichyssois représente l’un des rares monuments français de style néo-gothique anglais.

Fils d’un pasteur suisse, Samuel Henriquet rejoint en 1902 sa mère et sa sœur qui, en plein essor du thermalisme, tiennent une pension de famille rue des sources à Vichy. Formé à l’école d’architecture de Bordeaux, il avait débuté sa carrière dans le Périgord, avec à son actif la construction de l’hôpital de Bergerac ou encore celle du temple de Castillon-la-Bataille. Il devient alors le concepteur de plusieurs demeures vichyssoises, dont le Castel gothique et les Villas Murillo et Vélasquez (boulevard des États-Unis).

Carte postale (Fonds Patrimoniaux de la Ville de Vichy)

Le goût du beau, du bien et du vrai

Suite à un décret de Napoléon III, un premier temple protestant avait été construit en 1867, à l’angle de la rue du Portugal et de la place de l’Hôtel des Postes ; ses offices étaient partagés entre Anglicans et Protestants. Le vacarme des halles voisines ainsi que le nombre croissant de fidèles incitent l’Église Réformée de Vichy -constituée en association cultuelle depuis 1906- à rechercher un autre emplacement. En dépit de sa discrétion, la communauté protestante locale était bien présente. Le nouveau temple, en partie financé par les curistes britanniques, va être implanté sur un terrain situé au 10 de la rue du Docteur Max Durand-Fardel (rue des Thermes jusqu’en 1933). Samuel Henriquet, alors vice-président du conseil presbytéral, propose ses services d’architecte. Mu par ses inclinations pour « les sentiments élevés, le goût du beau, du bien et du vrai », il adopte les codes du temple anglican caractéristiques du style gothique perpendiculaire. Apparu dès la fin du XIIe siècle en Grande-Bretagne, il est remis au goût du jour au XVIIIe siècle outre-Manche avec le style néo-gothique.   

Carte postale, vers 1917 (Fonds Patrimoniaux de la Ville de Vichy)

Un « rare exemplaire » d’un style méconnu

« Cet édifice constitue l’un des seuls monuments français du genre. » Marie-Laure Lesec, ancienne présidente du conseil presbytéral, souligne « l’importance d’une symbolique tout entière au service de la Parole. ». Le trumeau central de sa façade est orné d’une croix ; ses bras prolongés par des chênes et des glands surplombent les deux vantaux de la porte d’entrée. À l’intérieur, le style néo-gothique se reconnaît à ses voûtes presque plates, portées par des colonnes nervurées en forme d’éventail. Inspirées par ce style original, la structure comme le décor font preuve d’exubérance, au travers de nervures aux ramifications foisonnant jusqu’au sommet des piles. Au centre, une simple chaire en loggia domine la table de bois qui porte le livre des évangiles et une croix sans corps. « La gloire évoquant la présence de Dieu se trouve figurée par des rayons mêlés à un décor de fleurs. Toute représentation susceptible de détourner le fidèle de l’écoute de la Parole est évitée. » Inauguré lors d’un premier culte en 1914, le temple protestant peut accueillir quelque 150 personnes, dont une vingtaine en tribune. En 2002, il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, avec pour mention « rare exemplaire de style néo-gothique anglais».

 Une rénovation par étapes

Au fil des ans, l’édifice laisse apparaître des fragilités structurelles. Il a déjà perdu son grand fronton-pignon à la fin des années soixante et le fleuron de la façade en pierre taillée menace de tomber à son tour; sans oublier les problèmes de chauffage et d’électricité. Créée en 2012 en vue d’organiser diverses manifestations (conférences, spectacles, etc.) alliant démarches philosophique, artistique et spirituelle, l’association culturelle Théodore Monod s’efforce de sauvegarder le temple centenaire. Membre du conseil presbytéral, Jean Corneglio est en charge du montage des dossiers techniques. « Les phases de restauration et d’entretien se succèdent. Nous avons entrepris en 2018 des travaux visant à assurer l’étanchéité du toit terrasse, la rénovation de la façade et le ravalement des murs extérieurs. Ils ont été financés grâce au soutien de la Drac, de la Fondation du patrimoine, de la Région, du Département, de la Ville de Vichy, de mécènes suisses et de l’Église protestante. »  L’évacuation des eaux pluviales a été réalisée et les abords nettoyés. Alors que la rénovation des décors intérieurs en stuc de style Art Nouveau reste à l’ordre du jour, les seize vitraux du temple doivent être restaurés grâce à l’apport financier du Loto du patrimoine. « Leurs décors géométriques aux tons violets, verts et or sont l’œuvre de l’atelier lyonnais Dubost-Simon. Hauts de huit mètres, leurs armatures de plomb s’affaissent rendant leur rénovation indispensable.»   

Vichy-03-achitecture et patrimoine de la ville

Avec la centaine de famille composant la paroisse et les nombreux touristes et curistes venant le visiter, ce monument original fait partie du patrimoine de la cité thermale.  « Faire vivre ce bâtiment, tant sur le plan de son architecture exemplaire que sur celui de la communauté protestante de Vichy, s’avère prioritaire. »


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