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Parcs d’Allier

Joyaux de la Reine des villes d'eaux

Parcs d’Allier - VICHY UNESCO

Vichy, ville-parc, est un territoire comprenant 140 hectares d’espaces verts jusqu’au cœur du centre thermal et du centre-ville. Les parcs d’Allier, d’une superficie de 23 hectares sont d’une rare diversité botanique. À Vichy, quelques 75 agents sont aux petits soins de ces espaces verts qui donnent de la couleur à la ville. Parmi eux, Lionel Bouvet, veille sur les arbres et les parcs depuis le début des années 80.

« Les parcs Napoléon et Kennedy, ont été réalisés sur un ancien bras mort de l’Allier après la construction de la digue suite aux crues de 1846 et 1856 », explique Lionel Bouvet. L’idée de la création des Parcs d’Allier remonte donc à 1856. Plusieurs projets sont alors élaborés, visant à l’extension du Parc des sources jusqu’au bord de la rivière. « Il y a ce que l’on appelait l’ancien parc, le Parc des Sources initié par Napoléon 1er. Napoléon III avait dans l’idée de créer une continuité entre le Parc des Sources et ce que l’on appelle les nouveaux parcs. Le Parc des Sources servait surtout à se montrer et les parcs d’Allier étaient plutôt familiaux et dédiés à la promenade et aux loisirs ».

Le décret impérial du 27 juillet 1861 impose l’aménagement du parc sur l’emplacement d’un bras secondaire de l’Allier, asséché grâce à la construction de la digue. Les travaux, dirigés par l’ingénieur Jean-François Radoult de La Fosse nécessitent 250.000m3 de remblais, issus de l’Allier. La conception paysagère est confiée à l’horticulteur moulinois Joseph Marie.

La serpentine, rivière artificielle qui sillonnait le parc, fut supprimée en 1867. « À l’origine l’allée centrale était alors une rivière mais comme il y avait peu d’eau et que cela attirait notamment des moustiques, le Maire de l’époque avait demandé à ce qu’elle soit comblée ». Il ne subsiste alors que le bassin aux cygnes du Parc Napoléon, agrandi entre 1934 et 1936, alors que le bassin du Parc Kennedy n’avait été aménagé qu’en 1890. « Ni le parc des Bourins, ni le secteur Eugène-Gilbert n’existaient alors. Il y avait, du côté du pré Catelan, une bâtisse qui prélevait l’eau dans un bras mort de l’Allier et qui la rejetait, au cœur du parc Kennedy, dans un bassin de rétention pour l’arrosage des parcs. Le personnel de l’époque s’affairait continuellement à ouvrir et fermer des vannes. Il fallait à peu près une semaine et trois personnes pour arroser les parcs. »

Une serre de près de 35 mètres de long est construite le long de l’avenue Stucki en 1864. Chauffée par calorifère à bois, elle est alors destinée à l’hivernage des plantes. Une orangerie, adossée à la serre, sera élevée en 1888 : très haute mais aussi très fragile, elle sera supprimée dès 1929. Dans l’ensemble du parc, l’éclairage au gaz, installé en 1880, fut remplacé par un éclairage électrique quinze ans plus tard. Les Ponts et Chaussées, service de l’État, entretinrent le parc jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, relayés ensuite par la Compagnie fermière. Elle y réalisa une grande campagne de plantation durant les hivers de 1934 à 1937. La Ville, qui s’est vue confier la gestion de ces parcs depuis 1979, a rapidement entrepris une grande campagne de restauration.

Des parcs familiaux, de loisirs et de promenade…

Les Parcs d’Allier ont toujours été le jardin de prédilection des enfants. Guignol y élut domicile en 1876 et une laiterie (vente de lait, chocolat et gâteaux) accueillait des « chèvres nourrices ». En 1924, la  Compagnie fermière aménage à côté un enclos équipé de balançoires et d’autres jeux. L’ensemble de ces installations, remplacé par le Parc du Soleil dans le parc des Bourins, sera supprimé en 1937, mais l’aire de jeux sera restaurée par la Ville en 1988.

Pour les adultes, le parc est le cadre idéal de diverses activités sportives. D’ailleurs, devant le succès remporté par les courts de tennis du Parc des Célestins, deux courts et un pavillon abritant vestiaires avec douches, buvette, salons de lecture et de bridge, sont aménagés dans le Parc Kennedy en 1903. Les six courts dont disposent les joueurs en 1913 seront supprimés en 1937 pour être remplacés par un petit parc zoologique. Le Parc Kennedy servit également de décor aux fameuses batailles de fleurs, organisées de 1909 à 1931. Cette année-là, d’importants travaux transforment ses bords de rivière vaseux en une agréable plage, longue de 35 mètres. Elle sera complétée, en 1965, par l’installation d’un jeu de boules, tandis que le Parc Napoléon accueille les mini-golfs vers 1955.

Des sculptures d’illustres figures à la source de l’essor de Vichy veillent sur ces parcs. Un buste de Napoléon III, œuvre de  Jean-Auguste Barre, sculpteur, fut placé dans le parc en 1991 et inauguré, non loin de son chalet en 1995. Dans le parc Kennedy, la marquise de Sévigné, représentée par le sculpteur vichyssois André Tajana en 1996, regarde en direction du Pavillon où la légende voudrait qu’elle ait logé.

L’harmonie d’une ambiance paysagère unique…

La création de ce parc, dont la conception d’inspiration anglaise très en vogue à l’époque, contribue fortement à la signature paysagère de Vichy par le dessin de ses allées, prolongement des voies thermales nouvellement tracées. Ce parc est une charnière entre l’environnement sauvage et naturel des bords de rivière et la trame urbaine que celui-ci souligne fortement dans une relation visuelle et fonctionnelle.

Dès sa conception, le Parc Napoléon III disposait d’une plus grande variété d’essences que le Parc Kennedy. La troisième grande campagne de plantation, consécutive à la tempête de février 1935 qui avait décimé tous les gros peupliers, fierté de l’époque, renforça cette diversité par l’apport d’une collection d’essences issues de tous les continents. « Un des vestiges de la tempête de 1935 est une souche d’un ancien peuplier entouré par une glycine qui pousse autour. Elle se trouve au bout du parc, en face de la maison des jardiniers ! À la rénovation des parcs, fin des années 30, Vichy, qui correspondait au Touquet d’aujourd’hui, voyait passer des membres de la haute société qui venaient prendre les eaux. La tradition voulait alors qu’ils offrent, lors de leur passage, un arbre à la municipalité. C’est pour cela que l’on a une collection importante au parc Napoléon. »

À partir des années 50, avec le déclin du thermalisme et de son économie, l’entretien des parcs a été moindre jusque dans les années 80 quand la Ville de Vichy a repris la gestion de ses parcs. « Il y a eu alors de gros travaux et des campagnes de replantation et de régénération régulières maintenant adaptées au changement climatique. Il y a des essences qui ont du mal à résister comme le Raisinier de Chine (Hovenia dulcis), extrêmement rare ou encore les hêtres rouges »

Les arbres dont le regard sur la ville se conjugue au passé et au présent représentent une source intarissable d’histoires. « Actuellement le nombre d’arbres varie tous les jours en raison du renouvellement des plantations. Il y a environ 800 arbres dans le parc Napoléon pour 67 genres. On entend par genre le type d’arbre (marronnier, frêne, chêne, etc…). Dans le genre, il y a aussi l’espèce (frêne excelsior…), on pouvait en compter jusqu’à 160. »

En 2010, la Ville s’est vu décerné le label « Arbre Remarquable de France » pour le patrimoine arboré du parc Napoléon. « On qualifie un arbre remarquable par sa taille, son âge, sa floraison, sa rareté ou encore son histoire. C’est un peu le témoin d’un patrimoine qui change, qui évolue. Il y a une soixantaine d’arbres remarquables dans le parc Napoléon. Par exemple, les petits arbres près de la «source des fées », ce sont des Chèvrefeuilles de Maack. Ils ne sont pas imposants mais ils ont facilement un siècle. Ils sont donc remarquables par l’âge, par la rareté et par leur floraison. »

Les arbres font l’objet d’un suivi individualisé. Le remplacement des végétaux, par nécessité, est réalisé dans le souci de la sauvegarde et la conservation du patrimoine et de l’enrichissement de la palette végétale. « Le plus emblématique du parc Napoléon, selon moi, c’est le pin Napoléon (pinus bungeana). C’est un pin qui a la particularité de ne pas perdre ses branches basses comme le font d’autres conifères. Il a l’écorce de trois couleurs qui tourne du gris-vert au violet. On en plante beaucoup mais de la taille de celui du parc, il n’y en a que quelques-uns en France. Le plus vieil arbre du parc même si nous n’en avons pas la certitude serait le pin de Salzmann. Dans un journal de la fin du XIXe, il est fait mention de ce pin que l’on qualifiait, déjà à l’époque, de remarquable. Il devrait avoir plus de 130 ans ».

Certains ont une histoire comme celle du Sophora. « Il y avait, dans les années 50, des Floralies à Vichy. Les villes de France créaient, ici, un jardin éphémère. En 1952, la ville de Montreux a laissé le Sophora de sa composition florale qui demeure, maintenant, témoin de ces festivités. Au fur et à mesure de la découverte des parcs, on trouve des anecdotes pour chaque petite parcelle, pour chaque arbre… »

À Vichy, ville fleurie et labellisée 4 fleurs par le Conseil National des Villes et Villages Fleuris depuis 1967, on peut entrer et sortir de son territoire sans quitter les parcs. Cette station thermale et touristique phare de l’Auvergne, à l’architecture foisonnante, a été de nombreuses fois reconnue et récompensée grâce à son patrimoine végétal remarquable. Depuis les années 2000, la Reine des villes d’eaux se réapproprie également les berges du Lac d’Allier par des aménagements ambitieux visant à faire revenir les Vichyssois vers leur rivière.

Pour aller plus loin : https://espaces-verts.ville-vichy.fr/


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