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Castel Flamand

un incendie et trois vies

Castel Flamand - VICHY UNESCO

Construit en 1898, en seulement une année, le Castel Flamand est repérable par sa couleur rouge, celle de la brique, qui le distingue des constructions voisines. Ses deux entrées, au 2 et au 2 bis de la rue de Belgique, marquent le centre d’une façade totalement asymétrique. Et même si l’ensemble de ses toitures a disparu après un incendie survenu en 1933, il porte toujours dignement son nom de castel.

Imposant et majestueux, le Castel Flamand attire l’œil. Sa stature et ses briques rouges interpellent. Situé entre la rue de Belgique, le boulevard de Russie et la rue Alquié, ce bâtiment a été construit en 1898. Devant le dessin originel du Castel Flamand, réalisé par l’architecte Ernest Mizard, Michèle London, propriétaire de l’une des deux maisons, décrit les détails d’un lieu dans lequel elle vit depuis 1967. « Cette maison a une grande histoire. » Ce dessin, accroché sur le mur d’entrée du bâtiment, a été transmis par Ernest Mizard, son auteur, au tailleur de pierre. « On a l’impression, quand on voit la maison, que c’est un seul ensemble mais elle est complètement asymétrique. Les balcons ne sont pas du tout les mêmes, droits d’un côté et ronds de l’autres. Même les deux lanternons, l’un est de plan carré, l’autre polygonal. » Son nom signifie château et il le porte bien. « Quand Napoléon III est venu à Vichy, il a fait aménager le parc. Il était à peine planté et tous les grands hôtels situés autour du Castel Flamand n’existaient pas quand il a été terminé. C’était des maisons, la villa Vénitienne venait juste d’être bâtie (juin 1897), le Lutecia était un jardin. » Au moment des cures, les gens venaient beaucoup des colonies. « Ils passaient trois semaines voire plus à Vichy, ils louaient toute une maison avec leurs suites. » Ce qui explique sa disposition : les cuisines au sous-sol, très éclairés, au rez-de-chaussée les salles de réception (salle à manger, salon et billard), à l’étage les chambres, chacune avec sa salle de bains, ses toilettes, eau chaude, froide et chauffage central à air pulsé. « C’était vraiment une villa de luxe. »

Une villa locative, trois ministères et une maison médicale

Mais en décembre 1933, le destin bascule. L’hiver est glacial. Un court-circuit entraîne un vif incendie. « Le quartier est désert car en décembre tous les grands hôtels sont fermés. Des gens qui habitent Bellerive-sur-Allier ou rue Clémenceau, en centre-ville, appellent les pompiers pour prévenir qu’ils voient de la fumée. Avec le froid intense, l’eau gèle dans les lances à incendie des pompiers, ils ont beaucoup de mal à contenir les flammes. » Les deux lanternons sont détruits et l’ensemble des toitures est remplacé par un toit-terrasse.

Le castel est très longtemps inutilisé. Il connaît sa seconde vie durant la période 1940-1944. « Tous les hôtels et les maisons particulières sont réquisitionnés par l’État Français. Le Castel Flamand devient le secrétariat général des PTT, de la caisse d’épargne et des finances. » À chaque niveau, un ministère. « C’est une période très compliquée. La maison n’était pas faite pour être habitée l’hiver, comme toutes les maisons de la ville. On a eu des témoignages de gens qui sont venus nous voir pour nous dire qu’ils ont travaillé ici pendant la guerre. Ils avaient très froid. » Elle n’était pas non plus adaptée à une telle utilisation. « Ils mettaient des planches sur les baignoires pour faire des bureaux, ce n’était pas le grand luxe. »

Après la guerre, la maison a été achetée par un banquier parisien qui n’a jamais habité les lieux. Il va la louer pour qu’elle connaisse sa troisième vie, médicale cette fois ci. « Un médecin ORL s’installe et il va opérer des amygdales et des végétations dans les sous-sols. C’est très lumineux mais on n’imagine pas aujourd’hui une intervention de ce genre. » Il est resté quelques années. Après son décès, la clientèle passe à un autre médecin et la villa est rachetée par le mari de Michèle London, en 1966.


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