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Église Notre-Dame-des-Malades

le chef-d’œuvre financé par des dons

Église Notre-Dame-des-Malades - VICHY UNESCO

En plein cœur du vieux Vichy, Notre-Dame-des-Malades, communément appelée église Saint-Blaise dont elle est l’extension, est un joyau architectural réalisé entre 1925 et 1956. Cet édifice de béton fait la part belle au mouvement Art déco et offre une décoration aussi riche à l’intérieur que dépouillée à l’extérieur.

« J’aime son côté très moderne. Elle a été construite dans une période charnière, de bouleversements socio-économique mais aussi urbanistique puisque nous sommes dans l’entre-deux-guerres. » Sylvie Wahl, secrétaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Vichy et des environs (Shave), peut parler de l’église Saint-Blaise et de son extension, appelée Notre-Dame-des-Malades, pendant des heures. Et pour cause, cette dernière ne laisse pas indifférent. Née de la volonté d’un homme, l’abbé Robert, elle a été construite en béton entre 1925 et 1956 et dénote par son inspiration Art déco. À cette époque, le pays se relève très traumatisé de la Première Guerre mondiale. « Les Français ne veulent plus habiter le monde rural et aspirent à une vie qu’ils espèrent plus facile en ville. » Il y a un exode massif auquel Vichy n’échappe pas. Il faut gérer un afflux de population en majorité croyante et pratiquante. L’abbé Robert, qui est en charge de la vieille église Saint-Blaise, la trouve trop petite et vétuste. « Il n’y avait pas l’électricité ! » Alors, pour attirer cette population qui arrive, il imagine une extension : Notre-Dame-des-Malades.

Des dons de fidèles et de curistes pour financer la construction

Mais à cette période, la France sort d’une mouvance anticléricale avec la Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation de l’Église et de l’État et la confiscation des biens du Clergé. « Comme l’église Saint-Blaise est la propriété de la municipalité, son extension, l’achat des terrains et des maisons à démolir, sont entièrement à la charge de l’abbé Robert. Alors il va se débrouiller pour trouver les fonds. » Et il va réussir. D’abord, grâce à ses paroissiens très attachés à cette église, mais aussi en raison de l’explosion du thermalisme. « Beaucoup d’étrangers viennent à Vichy. Très pratiquants à l’époque, ils vont fortement participer à cette construction. »  Mais si les différentes collectes de fonds sont importantes, elles ne permettent pas la construction d’un édifice en pierre. « La crise de 1929 va arriver, il n’y a pas beaucoup d’argent. Il va falloir trouver des méthodes modernes et on va utiliser le béton. » Malgré cela, nous sommes dans un véritable roman feuilleton car dès qu’il n’y a plus d’argent, les travaux s’arrêtent. Ce qui rend la période de construction assez longue, 31 ans.

Le béton, matière alors méconnue permettant des audaces architecturales

Nous sommes au début des années 1920 et l’architecture vit de grands bouleversements. Le béton est très utilisé pour faire renaître les nombreuses églises détruites. Mais l’homme à l’origine du projet, l’abbé Robert, ne connaît pas cette matière. « Il part à Paris pour voir des églises nouvellement construites. Il est un peu choqué par ce qu’il voit mais les architectes lui expliquent que c’est la solution. » C’est beaucoup moins cher et cela permet des audaces architecturales. Alors il accepte. « La coupole, par exemple, n’aurait pas pu être réalisée en pierre, ou alors à des prix très importants. » En raison du manque de place, l’édifice prend la forme d’une basilique. Elle n’est pas disposée en croix comme les constructions des siècles précédents. « Il y a eu un grand nombre de réactions négatives à l’époque. » Et pourtant, avec les années, l’église est entrée dans le cœur des Vichyssois. Mais pas seulement. « Des touristes du monde entier viennent la découvrir. » Si la façade est très sobre malgré quelques moulures, l’intérieur lui, est très décoré. « Quand on entre, on est ébloui par la richesse du décor. Il n’y a pratiquement pas de vides. »  Un programme iconographique riche et une cohérence du décor. Ce sont les maîtres-verriers et les mosaïstes des Ateliers Mauméjean qui se sont chargés aussi bien des vitraux que des peintures et des mosaïques.

Le chanoine Piotte a poursuivi l’œuvre de l’abbé Robert

Et l’abondance de lumière permet de profiter de chaque détail. Celle-ci est apportée par de nombreux vitraux sur lesquels la couleur bleue domine, comme dans toutes les églises dédiées à la vierge Marie. Là encore, l’Art déco est la norme. On le remarque par les lignes avec lesquelles les personnages sont représentés et la typographie de l’inscription 1933, année d’installation, en bas de chaque œuvre. Les vitraux sont bénis par l’évêque de Moulins au même titre que le perron, l’escalier et la crypte. Mais cette année marque un tournant dans la construction de Notre-Dame-des-Malades. L’abbé Robert part à la retraite. Son successeur, le chanoine Piotte, poursuit la décoration de l’intérieur du bâtiment. Son travail a été extrêmement riche. Il a supervisé la réalisation du chœur dominé par une voûte entièrement décorée, les peintures de la nef et la construction du clocher. Celui-ci culmine à 57 mètres au-dessus du sol et a couté 651 000 francs. S’il a été achevé le 25 août 1956, il a été inauguré le 18 mai 1959. Depuis le 1er juillet 2020, ce point culminant de la ville de Vichy s’illumine chaque soir, à la tombée de la nuit.


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