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L’Hôtel du Parc

un destin brisé par l’histoire

L’Hôtel du Parc - VICHY UNESCO

Construit dès le milieu du XIXème siècle et transformé au tout début du XXème siècle constitue l’un des fleurons de l’hôtellerie de luxe vichyssoise, l’hôtel du Parc, établissement de 250 chambres, est surtout connu pour avoir été occupé par le maréchal Pétain et Pierre Laval, de 1940 à 1944. Transformé presque immédiatement après la guerre en résidence privée, le palace n’a pas survécu à cette période qui colle à ses murs.

Le maréchal Pétain photographié devant l’entrée de l’hôtel du Parc regardant un défilé, face à une foule située sous la galerie du parc des Sources. Cette image, réalisée à de nombreuses reprises, marque au fer rouge l’histoire de cet établissement de luxe construit au milieu du XIXème siècle.

Pourtant, l’hôtel du Parc était avant tout destiné à recevoir des curistes aisés. Ce qu’il a fait pendant près de quarante ans. « Il y avait déjà un hôtel du même nom à la fin du XIXème siècle », retrace Michel Promerat, professeur d’histoire à la retraite. Celui-ci n’était pas à la hauteur des grands établissements de la ville. Joseph Aletti en prends la direction de en 1901. « Il sera le principal hôtelier de la ville en devenant le président de la Société des Grands Hôtels de Vichy. Il fera construire le Majestic et possèdera dirigera aussi le Thermal, le Carlton et le Radio. »

Carte postale, vers 1915 – Fonds patrimoniaux Ville de Vichy

L’hôtel du Parc, transformé par l’architecte vichyssois Antoine Percilly en 1905, sera revendu à la Société des Grands Hôtels en 1923 et deviendra l’un des fleurons de l’hôtellerie de luxe de la ville. « Il a été édifié avec la volonté d’accueillir une clientèle très haut de gamme sur le modèle des établissements du sud de la France, le Negresco de Nice en particulier. 250 chambres, une clientèle de luxe et des tarifs aussi importants que ceux de la Côte d’Azur. » Il propose également un grand restaurant, des salles de réception, un personnel nombreux et des commerces comme Louis Vuitton ou le joaillier Van Cleef & Arpels.

Quatre années de réquisition et une image changée à jamais

Temporairement transformé en hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale, il voit son quotidien bouleversé en 1940. Au mois de juin, les hôtels sont réquisitionnés en raison du repli de l’armée française. À la mi-juin, le général Georges vient à Vichy et le choisit pour recevoir l’État-major. « Cela ne dure que deux ou trois jours car la défaite est proche. » Le 1er juillet, le maréchal Pétain arrive à Vichy. Il fait de l’hôtel du Parc le siège du gouvernement jusqu’au 20 août 1944. La raison de ce choix : « Il est central, l’un des plus prestigieux et des plus vastes ». Philippe Pétain s’installe au troisième étage. Il occupe quatre chambres qui lui servent à la fois d’appartements et de bureau. Pierre Laval, vice-président du conseil puis chef du gouvernement, prend place juste en dessous, au deuxième étage. « D’autres services administratifs sont aussi logés. Il y a la garde du maréchal, le service central de photographie, la radio a aussi son siège pendant un temps et tous les conseillers sont dans les niveaux supérieurs, que l’on appelle aussi les étages des philosophes ». La rue du Parc, qui porte le même nom qu’aujourd’hui, est débaptisée pour devenir la rue Pétain en septembre 1940. Elle retrouve son appellation d’origine dès la libération de Vichy du 26 août 1944.

Un hôtel qui ne le sera plus jamais

À cette date, les hôteliers récupèrent leurs biens. Ces derniers ont été occupés de façon continue pendant quatre ans alors qu’ils ne le sont qu’à peine six mois d’habitude. « Contrairement aux années précédentes, il n’y a pas eu de travaux d’entretien. Ils sont parfois très dégradés. » Pendant cette période, il y a eu une sur-occupation des lieux.  « Là où on mettait trois personnes dans  une chambre, il y en avait dix. Il y a fatalement eu des destructions. Et des dégâts sont commis à la Libération. Ce qui  nécessite une remise en état dans l’urgence pour préparer la saison 1945. » Tous les propriétaires ne peuvent pas se permettre de tels investissements, ils n’en ont pas les moyens. « Ils ont été indemnisés par l’État français durant ces quatre années mais pas à la hauteur des revenus habituels. » Certains établissements sont vendus car ils ne peuvent pas rouvrir. D’autres n’en ont pas le droit. « C’est le cas de l’hôtel du Parc car il est un symbole aux yeux des autorités de la Libération. » Il souffre d’une image négative.  Joseph Aletti, mort en 1938, n’est plus là pour reprendre l’établissement. « Pendant quelques temps, il sert de tribunal. En octobre 1944, une cour martiale se réuni pour juger un certain nombre de gens accusés de collaboration. » Il est ensuite utilisé comme hôpital. « Même de maternité. Je connais quelqu’un qui est né ici en 1945. » Vendu, il est très vite transformé en immeuble d’habitation entre 1945 et 1950. Il n’a plus jamais servi d’hôtel.


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